Antoine Mugnier est responsable de l’équipe approvisionnement biomasse sur le site GazelEnergie de Gardanne, dont la tranche 4 constituera le plus gros projet français de centrale biomasse. Un défi pluridimensionnel au service de la transition énergétique et de la reconversion d’une ancienne centrale à charbon, relevé par un spécialiste de la gestion forestière.
Ma passion, c’est la forêt. De façon plus générale, j’ai une véritable appétence pour les sciences se rapportant à la forêt. Ingénieur agricole de formation, j’ai eu la chance de pouvoir me consacrer à ma spécialisation, que j’ai notamment acquise en République Tchèque, dès mon entrée dans la vie professionnelle. J’ai rapidement intégré un cabinet d’ingénierie forestière au sein duquel j’ai développé une expertise sur la gestion du carbone en forêt tropicale, pour plusieurs clients privés.
En pleine émergence de la « finance carbone forestière », j’ai travaillé aux quatre coins de la planète pour le compte de bailleurs de fonds, avant de rejoindre l’Organisation des Nations Unis pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) à Rome. Expert conseil forêt, j’ai participé pendant plusieurs mois à un programme initié au profit des pays africains, dont l’objectif était de réduire la déforestation en prenant en compte les dimensions sociologiques.
De la gestion forestière à l’approvisionnement biomasse
Ces premières expériences d’une extrême richesse ont fait de moi un expert de la gestion forestière, et en 2012, j’ai été approché par E.ON (devenu GazelEnergie en France) pour ce poste de responsable de l’approvisionnement biomasse. Je n’étais alors pas un spécialiste des achats de bois. Mais je suis arrivé sur le projet de conversion du site de Gardanne avec une copie vierge et il fallait être force de proposition. Quatre ans plus tard, le chantier entre en phase opérationnelle.
Construire un portefeuille d’approvisionnement
Ma mission première est donc de construire un portefeuille d’approvisionnement biomasse, c’est-à-dire de trouver du bois de recyclage, des bois ronds, des plaquettes forestières, qu’elles soient locales ou importées, ainsi que des résidus verts, d’origine urbaine et agricole. Pour nouer de telles relations commerciales, je rencontre autant des grands comptes que des petits exploitants forestiers, en opération sur leur tracteur ! L’aspect humain est essentiel dans ces rendez-vous en face à face.
Gérer la logistique dans une logique de flux tendus
La deuxième mission, et pas des moindres, est celle qui incombe à mon équipe de logisticiens, avec trois personnes. L’enjeu est ici d’arriver à faire entrer et repartir de l’usine, dans une logique de flux tendus, 140 camions par jour, en s’adaptant aux diverses contraintes réglementaires.
La forêt est un thème à forte valeur émotionnelle. Des craintes peuvent être exprimées et il est important d’éclairer les dossiers d’un discours précis et technique, notamment auprès des décideurs et des élus en charge des forêts. Ce rôle de communicant- pédagogue, je l’endosse également et j’apporte mon appui aux autres intervenants de GazelEnergie sur ces dossiers.
Chez GazelEnergie, nous considérons le développement de la ressource dans une perspective de long terme, et nous souhaitons travailler avec nos fournisseurs dans une logique de partenariat ; nous voulons avoir des fournisseurs qui ont envie de progresser et de faire progresser la filière. Pour nous, il ne s’agit pas de créer coûte que coûte de nouvelles disponibilités, mais d’augmenter la valeur intrinsèque de la collecte, en améliorant la technologie et les pratiques des acteurs du secteur.
Ce que je préfère dans mon métier
J’apprécie de développer «une philosophie d’achat ». Mon équipe travaille sur des problématiques très pointues avec des horizons temps et des dimensions (macro-micro) différentes, ce qui représente un véritable challenge pour chacun des collaborateurs. Une telle démarche nous inscrit comme des « modernes » au sein de la filière ; et cela rend chacune de nos prises de décisions passionnantes.
