Jean Bonnier, président d’honneur de l’association Forêt Méditerranéenne créée en 1978 a été l’un des membres actifs du comité de pilotage sur l’étude sur la forêt méditerranéenne lancée en novembre 2015 et financée par GazelEnergie.
Pourquoi avoir réalisé une étude sur la forêt méditerranéenne ?
Les propriétaires forestiers des quatre régions concernées par la forêt méditerranéenne, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Corse, Occitanie-Pyrénées-Méditerranée et Auvergne-Rhône- Alpes se sont réunis dans le cadre de la Cop21 pour prendre en compte la réalité de la forêt méditerranéenne. Il faut considérer à la fois son climat, sa biologie, son économie, etc. On ne peut pas envisager de la même manière la forêt de Bonifacio et celle de Valenciennes.
Quels enseignements ont été tirés de l’étude ?
Si la forêt est essentiellement perçue par les citadins du littoral comme un lieu de décor, de bien-être et de promenade, son exploitation économique et sa mise en valeur écologique ne sont pas suffisamment prises en compte. Notre mobilisation vise à déconstruire un certain nombre d’idées reçues : économie et écologie ne sont pas des termes à opposer ! L’illustration la plus frappante se matérialise avec la question du bois-énergie. Cela est quelquefois décrié mais on s’aperçoit aujourd’hui que lorsqu’il est récolté dans des conditions convenables, cela crée de meilleures conditions pour produire du bois d’œuvre (celui qui permet de construire nos maisons). L’étude nous donne aussi des éléments concrets, chiffrés, en surface et en volume, de ce qu’est la forêt méditerranéenne qui recouvre 4,5 millions d’hectares. Elle recense le taux de boisement, le renouvellement biologique, les surfaces protégées, les zones classées etc. Elle permet à l’opinion et aux acteurs publics de prendre conscience de sa réalité physique et écologique. La forêt a besoin d’être entretenue durablement pour être protégée et pour qu’elle puisse assumer ses différentes fonctions : écologique, sociale, touristique et économique.
Que faut-il faire pour maintenir la forêt en bonne santé ?
Les deux tiers des terrains appartiennent à des particuliers. Bon nombre d’entre eux ne s’intéressent pas à sa gestion. Mais la forêt tend à être un bien considéré comme public, au même titre que l’air et l’eau. C’est donc aux collectivités d’animer sa gestion, son exploitation, son développement économique, sa promotion et sa protection. Fractionnée, morcelée, il faut la remettre en état de fonctionnement utile à tous, en accélérer la culture, la remise en culture et l’animation, quel que soit l’objectif final, que ce soit pour s’y promener, faire du bois ou y chasser. Du fait de sa trop modeste gestion, la faune sauvage y prolifère, ce qui pose des problèmes aux agriculteurs, aux sylviculteurs et provoque des accidents. Le risque est aussi de favoriser le développement de grands prédateurs tels que le loup ou le lynx…
Il faut donc profiter de la prise de position des professionnels des quatre régions concernées pour enclencher une action d’envergure en faveur d’une prise en compte globale des forêts méditerranéennes de notre pays, en y associant le plus grand nombre d’acteurs possible, élus territoriaux , sylviculteurs, environnementalistes et simples amoureux de la nature.
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