Depuis 15 ans, l’association négaWatt défend une démarche fondée sur la sobriété énergétique et le recours aux énergies renouvelables. Stéphane Chatelin, directeur de négaWatt, nous livre son regard sur la transition énergétique et sa mise en œuvre au niveau local et national.
Pouvez-vous nous présenter l’association négaWatt ?
L’association a été créée en septembre 2001 par une poignée de professionnels de l’énergie, réunis par un constat : on se concentre sans cesse sur les moyens de production de l’énergie mais pas sur la manière dont on la consomme. Or, avant de produire, il est essentiel de réfléchir à sa consommation. Avec des experts du secteur, nous avons construit un scénario de transition énergétique en étudiant chaque poste de dépense en France (le bâtiment, le secteur industriel, etc.) et en imaginant comment on pourrait produire de l’énergie de façon innovante. Nous menons un travail de plaidoyer auprès des décideurs politiques, économiques et des institutions.
La « démarche négaWatt » est-elle prise en compte par les collectivités locales ?
Les politiques locales en matière d’énergie sont très disparates. Il existe bien sûr des régions récalcitrantes mais d’autres sont très engagées comme les « Territoires à Énergie Positive », qui mettent en œuvre des actions pour développer les énergies renouvelables. C’est le cas de la Biovallée dans la Drôme, de Figeac, des Crêtes Préardennaises…
Pour motiver les acteurs locaux, nous leur montrons ce que peut engendrer la transition énergétique : la création de centaines de milliers d’emplois, des bénéfices sur le plan sanitaire avec un gain réel au niveau de la santé publique. Mais l’avantage est aussi économique, puisqu’il s’agit de réduire ses besoins en consommant mieux.
De plus en plus de petites et moyennes entreprises font le choix des énergies renouvelables, en particulier de la biomasse…
C’est vrai, elles réalisent que c’est dans leur intérêt. Le bois énergie est particulièrement attractif car c’est une ressource peu coûteuse.
En quinze ans, avez-vous le sentiment que votre message est davantage entendu par les décideurs ?
De plus en plus de politiques et d’industriels ont pris conscience des enjeux environnementaux et du dérèglement climatique. Depuis quinze ans, nous parlons de sobriété énergétique – qui n’est pas à prendre comme une austérité énergétique. Cette expression faisait peur au départ, elle est maintenant reprise, depuis trois ou quatre ans. C’est un signe positif. Il est important de comprendre que la transition énergétique est l’affaire de tous, des citoyens qui agissent à leur échelle, de l’Etat et de l’Europe, des entreprises, qui peuvent notamment fournir les équipements nécessaires à l’exploitation des énergies renouvelables. Des groupes emblématiques comme Apple et Google ont fait des choix forts en ce sens, nous attendons que de gros acteurs s’engagent également, en France.